Créer des comités villageois de vigilance, lutter contre le Blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, soutenir la FMM... telles sont les quelques recommandations du troisième comité de sécurité transfrontalière Cameroun-Nigéria.
Voici le communiqué final de la troisième session du comité de sécurité transfrontalière Cameroun-Nigéria:
"1-La troisième session du Comité de Sécurité transfrontalière Cameroun-Nigéria s'est tenue du 18 au 20 février 2015 à l'hôtel Mont Fébé de Yaoundé au Cameroun.
2-La session était co-présidée par S.E. René Emmanuel Sadi, Ministre de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation de la République du Cameroun, et le Général de division en retraite, J.B. Samuel, Directeur au Bureau du Conseil National de Sécurité de la de la république Fédérale du Nigéria, à la tête des délégations camerounaise et Nigériane. Ont également pris part à la cérémonie d'ouverture pour la République du Cameroun: S.E. Chief Dr Dion Ngute Joseph, Ministre Délégué auprès du Ministre des Relations Extérieures en charge du Commonwealth, M. Jules Doret Ndongo, Ministre Délégué auprès du Ministre de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation, M. Jean Baptiste Bokam, Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de la Défense, Chargé de la Gendarmerie Nationale, S.E. Salaheddine Abbas Ibrahima, Haut-Commissaire de la République du Cameroun en République Fédérale du Nigéria.
3-Dans son allocution d'ouverture, S.E. René Emmanuel Sadi a:
- exprimé la satisfaction de Son Excellence Paul Biya, président de la République du Cameroun, pour la tenue de ces assises;
- relevé des avancées considérables depuis la tenue de la deuxième session à Abuja;
- salué la constitution de la FMM (Force Multinationale Mixte) par les pays membres de la CBLT (Commission du Bassin du Lac Tchad) et le Bénin;
- et appelé à une collaboration plus étroite entre les deux pays en matière de lutte contre l'insécurité transfrontalière.
4-Pour sa part, le Général de Division (à la retraite), J.B. Samuel, chef de la délégation nigériane, a transmis les chaleureuses salutations de S.E. Dr Goodluck Ebele Jonathan, président de la République Fédérale du Nigéria, adressées à son cher frère, S.E. Paul Biya, président de la République du Cameroun. Il a reconnu l'importance de la collaboration entre les deux pays et exprimé le vœu que cette troisième session du comité donne lieu à des résultats probants. Il a également apprécié le soutien et la solidarité agissante dont le Cameroun fait preuve dans la bataille commune en vue d'éradiquer le terrorisme. Il a enfin exprimé le vœu que les résultats de cette troisième session consolident les acquis des deux session précédentes.
5-Après la cérémonie d'ouverture, les activités se sont déroulées en sous-comités sur les thèmes suivants:
- sécurité
- opérations de surveillance de la frontière
- enquêtes, études et recherches
- diplomatie et justice.
6-S'agissant de la sécurité, le comité a recommandé entre autres:
- l'accélération et la finalisation du protocole de conduite des opérations militaires transfrontalières, tel que convenu par les chefs d'Etat major des armées des deux pays;
- l'amélioration et l'intensification de l'échange du renseignement en matière de lutte contre le blanchiment d'argent, le trafic de la drogue, des armes et d'autres formes d'activités criminelles.
7-Le comité a également recommandé l'organisation des campagnes d'information et de sensibilisation auprès des communautés frontalières à travers l'implication des chefs traditionnels et des autorités religieuses afin de restaurer la confiance et de les inciter à fournir des renseignements aux forces de sécurité. ces initiatives devront être accompagnées de la création des comités de vigilance.
8-Les deux parties ont convenu de collaborer plus étroitement à travers l'organisation fréquente d'exercices maritimes bilatéraux destinés à repérer les menaces sur les eaux territoriales et d'intensifier le partage du renseignement entre les deux pays à travers les Centres Régionaux de Secours Maritime (CRSM).
9-Elles ont, par ailleurs, convenu de la nécessité d'un contrôle coordonné des médias en se consultant avant toute transmission d'information à ces derniers pour éviter de compromettre la sécurité des opérations.
10-S'agissant des opérations de surveillance de la frontière, le comité s'est penché sur l'enclavement de certaines zones frontalières, la multiplication des réseaux de contrebande d’hydrocarbures au profit d'activités terroristes, la démarcation de la frontière terrestre, l'augmentation du nombre de réfugiés, notamment dans les zones touchées par les activités de Boko Haram, ainsi que la question de l'installation des équipements d'enregistrement des données biométriques.
11-Le comité a recommandé l'identification des coupables d'activités illicites, le démantèlement des réseaux de contrebande sur les produits pétroliers, ainsi que l'équipement et le renforcement des capacités des agents de sécurité chargés de lutter contre ce phénomène. concernant la démarcation de la frontière terrestre, le comité a exprimé sa satisfaction pour les progrès accomplis et demandé aux deux pays d'intensifier leurs efforts visant visant à réunir les fonds destinés à l'achèvement de cette opération.
12-S'agissant de l'augmentation inquiétante du nombre de réfugiés, le comité a estimé que l'éradication de Boko Haram constitue la seule solution aux problèmes actuels, et a demandé aux gouvernements des deux pays d'intensifier leurs efforts à cet effet.
13-Pour ce qui est des enquêtes, des études et des recherches, le comité a recommandé la mise en place de programmes permanents de renforcement des capacités en matière de partage du renseignement et d'informations, ainsi que la nécessité de signer un mémorandum d'entente (ME) relatif aux meilleures pratiques et à l'état de la coopération entre les institutions des deux pays en charge de la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
14-Le comité a recommandé la nécessité d'identifier les points focaux dans les deux pays afin d'assurer un contact direct, étroit et sécurisé avec ceux-ci.
15-Le comité a examiné la question du développement des communautés frontalières et recommandé que les deux gouvernements lancent individuellement ou conjointement l'identification et la mise en oeuvre de programmes destinés à lutter contre la pauvreté et améliorer les conditions de vie des habitants des différentes communautés.
16-Le comité a recommandé la nécessité d'éduquer les communautés locales et de dénoncer les activités des criminels qui infiltrent les zones frontalières. Il a recommandé en outre d'étudier la possibilité pour les deux pays d'extrader les personnes suspectées de mener des activités criminelles. le comité a toute fois recommandé la prudence dans une telle démarche, au regard des liens étroits unissant les populations des communautés frontalières.
17-S'agissant de la pêche illicite, du braconnage, de la coupe illégale du bois, de la transhumance et du vol de bétail, le comité a recommandé:
- le renforcement des contrôles
- le recensement du bétail et des populations traversant la frontière
- le contrôle sanitaire vétérinaire conformément aux normes internationales
18-Le comité a recommandé que chaque pays devra continuer de financer les activités initiées ou mises en oeuvre sr son territoire.
19-S'agissant de la diplomatie et de la justice, les délibérations du comité ont porté entre autres sur l'extradition, la criminalité transfrontalière, l’entraide judiciaire, les relations entre les autorités administratives et les élus locaux dans les zones transfrontalières. Il a, en outre, recommandé aux deux pays d'examiner, dans un bref délai, le projet ME/accord, d'exhorter leurs structures en charge de la lutte contre le blanchiment d'argent et les investigations financières à coopérer.
20-le comité a recommandé des échanges de visites réciproques et régulières ainsi que l'adoption de bonnes pratiques par les autorités responsables de l'administration des régions frontalières.
21-Le comité a demandé aux deux pays d'apporter leur soutien à la FMM (Force Multinationale Mixte).
22-A la fin de la session, la délégation nigériane a exprimé ses remerciements au gouvernement de la République du Cameroun pour la qualité de l'accueil et des dispositions prises pour le bon déroulement des travaux.
23-En marge de la session du comité, le chef de la délégation nigériane, le général de division ( à la retraite) J.B. Samuel, a été reçu en audience par S.E. Philémon Yang, Premier Ministre, Chef du Gouvernement de la république du Cameroun.
24-Les délibérations du comité ont eu lieu dans une atmosphère empreinte de confiance, d'amitié et de convivialité.
25-Le comité a décidé que sa prochaine session se tiendra au Nigéria à une date à déterminer, dans un délai de six mois suivant la date de la tenue de la présente session. "
Fait à Yaoundé au Cameroun, le 20 février 2015