LES POÈMES
Il faut une
bonne photo pour donner vie à un poème bourgeois. Ainsi, le lecteur ayant fini
de lire ce texte qui n’appelle aucun commentaire de sa part, puisse s’y
attarder un peu. La photo remplace ou représente l’image de la nature là où
cette nature n’existe plus. C’est pourquoi il est toujours bon d’adjoindre à
tout poème une image pouvant permettre au lecteur de faire corps avec la
nature.
Quant au
métapoème, il est une œuvre de la Raison. Au fond ce n’est même pas un poème.
Car la poésie naît, grandit, vieillit et meurt très très loin de la
Raison.
Nous avons dit qu’un poème est une recherche d’équilibre au sein d’un
monde qui chavire. Dans cette recherche, il peut cajoler le lecteur, au sens
même du poil. Mais un poème trop doux l’enlise, valorise sa condition, le remet
à celle-ci et enclenche très faiblement un quelconque changement. Pourtant il
doit être atteint, le lecteur. S’il faut que le poème soit une frappe pour
l’atteindre, cette frappe doit être bien appuyée, autant bien appuyée qu’elle
puisse enclencher un effet immédiat sur la cible. Que cet effet soit de
rejet, de joie, de peur ou de tristesse, peu importe. Le poète, à moins qu’il
ne soit poète du cajolement ou de la bourgeoisie, doit changer son monde. Pour
cela, le poème est un coup de tonnerre qui retentit pour le crépuscule
de…quelque chose. Ce « quelque chose » est son thème, le
problème qu’il pose.
C’est de
cela qu’a besoin le vingt-et-unième siècle. Car l’homme dit moderne a plus que
par le passé besoin de se
ramasser en totalité en ses propres mains, de se tenir, de se dévoiler en
entier sous sa propre vue pour se laisser complètement examiner par lui-même,
lui, son existence et sa modernité avec, comme un objet, avant de continuer sa
course(folle) vers une vie délicieuse devenant chaque jour de plus en plus
incertaine, le monde se transformant au jour le jour en un chantier de guerre,
en un véritable enfer pour l’humanité. Au fond, qui doit être protégé si ce
n’est l’homme ? Qui doit agir si ce n’est l’homme ? Qui doit renaître
si ce n’est l’homme ? Où donc sommes-nous ? Et que
sommes-nous ! Voyons-nous donc !