samedi 6 septembre 2014

DISCOURS 3 SUR LA POESIE




LE POÈME

Le poème révèle la qualité de la poésie et c’est toujours en même temps le moi, toi et lui pour nous. Il doit nécessairement tirer son objet d’un événement donné et vécu (physiquement ou moralement) par son auteur. Ce qui le relie d’emblée à ce dernier. Mais en tant que restauratrice ou exacerbatrice de valeurs humanisantes, cette liaison ne lui enlève pas son universalité poétique. Car l’universalité poétique d’un poème se mesure par la capacité qu’a eue le poète (son auteur) de faire d’un problème particulier un problème humainement bon, c’est-à-dire un problème qui touche toute l’espèce humaine. Le poète est un homme de paix, et le problème de paix vient au monde pour la première fois avec la présence de l’autre.
 La création n’est rien si elle ne doit profiter qu’a son créateur seul. Ce qui est doit être toucher et transformé dans le sens positif.  Tout d’un coup, la situation où s’enracine le poème ne devient plus qu’un simple exemple monstratif de ce qui fait véritablement problème. Ce « ce qui fait problème » c’est l’universalité thématique du poème. Cette universalité n’est jamais universelle : c’est une universalité régionale dans la mesure où c’est ancré dans un milieu donné et vécu par un être humain donné. Le poème est encore une œuvre humaine, en attendant que l’homme moderne nous façonne des animaux pouvant écrire des poèmes. Quant à l’universalité poétique, elle est toujours universelle par son caractère humanisant. 
 Pour donc se prévaloir d’une certaine authenticité, tout poème doit nécessairement poser un problème humain, si ce n’est l’homme lui-même comme problème. Un poème, c’est presque toujours une recherche d’équilibre au sein d’un monde qui chavire. Il s'adresse à l'homme.  Et pour ce, le poète pose tous les problèmes qu’il recueille. Car il est un être libre qui n’a peur de rien dans sa quête de justice, de paix ou de nouveauté. Au degré 0 de l’être, l’autre et moi ne sommes qu’un  « nous » vibrant et sonnant qui se place à la  toute action, fait fondre la peur qui, normalement, éloigne l’homme de son semblable.  La peur de l’autre ne devrait pas exister dans une société humaine. Voyons-nous donc ! 
On dira, et c’est vrai, que la compréhension d’un poème sorti du degré 0 de l’être est ardue et pas du tout évidente, Car la panoplie d’images et de créations vient envelopper le message et dévie même parfois le lecteur. C’est malheureusement ce qui fait la force d’un poète, d’une œuvre poétique. Un poème sans images est une œuvre subjective, une œuvre extraterrestre dont les hommes n’ont pas besoin.    

Mais le poème, c’est d’abord et toujours un texte, jamais avant tout une image matérielle comme cela se passe sur le web aujourd’hui. Le poème de cajolement est une pâle copie de cette image, source de l’inspiration : c’est une œuvre descriptive qui, dans tous les cas, tait le coté négatif de son objet, juste par amour aveugle. Or le positif et le négatif de l’autre sont mis face à face devant le poète universel, question de voir en quoi et comment changer.   Dieu en avait marre des ténèbres; il appelle la lumière et l'être devient autre qu'il était: voilà qui est bien. 


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