LE POÈME
Le poème
révèle la qualité de la poésie et
c’est toujours en même temps le moi, toi et lui pour nous. Il doit
nécessairement tirer son objet d’un événement donné et vécu (physiquement ou
moralement) par son auteur. Ce qui le relie d’emblée à ce dernier. Mais en tant
que restauratrice ou exacerbatrice de valeurs humanisantes, cette liaison ne
lui enlève pas son universalité poétique. Car l’universalité poétique d’un
poème se mesure par la capacité qu’a eue le poète (son auteur) de faire d’un
problème particulier un problème humainement bon, c’est-à-dire un problème qui
touche toute l’espèce humaine. Le poète est un homme de paix, et le problème de
paix vient au monde pour la première fois avec la présence de l’autre.
La création n’est rien si elle ne doit
profiter qu’a son créateur seul. Ce qui est doit être toucher et transformé
dans le sens positif. Tout d’un coup, la situation où s’enracine le poème
ne devient plus qu’un simple exemple monstratif de ce qui fait véritablement
problème. Ce « ce qui fait problème » c’est l’universalité thématique
du poème. Cette universalité n’est jamais universelle : c’est une
universalité régionale dans la mesure où c’est ancré dans un milieu donné et
vécu par un être humain donné. Le poème est encore une œuvre humaine, en
attendant que l’homme moderne nous façonne des animaux pouvant écrire des
poèmes. Quant à l’universalité poétique, elle est toujours universelle par son
caractère humanisant.
Pour donc se prévaloir d’une certaine authenticité, tout poème doit
nécessairement poser un problème humain, si ce n’est l’homme lui-même comme
problème. Un poème, c’est presque toujours une recherche d’équilibre au sein
d’un monde qui chavire. Il s'adresse à l'homme. Et pour ce, le poète pose
tous les problèmes qu’il recueille. Car il est un être libre qui n’a peur de
rien dans sa quête de justice, de paix ou de nouveauté. Au degré 0 de l’être,
l’autre et moi ne sommes qu’un « nous »
vibrant et sonnant qui se place à la toute action, fait fondre la peur qui,
normalement, éloigne l’homme de son semblable. La peur de l’autre ne devrait pas
exister dans une société humaine. Voyons-nous donc !
On dira, et
c’est vrai, que la compréhension d’un poème sorti du degré 0 de l’être est
ardue et pas du tout évidente, Car la panoplie d’images et de créations vient
envelopper le message et dévie même parfois le lecteur. C’est malheureusement
ce qui fait la force d’un poète, d’une œuvre poétique. Un poème sans
images est une œuvre subjective, une œuvre extraterrestre dont les hommes n’ont
pas besoin.
Mais le
poème, c’est d’abord et toujours un texte, jamais avant tout une image
matérielle comme cela se passe sur le web aujourd’hui. Le poème de cajolement
est une pâle copie de cette image, source de l’inspiration : c’est une
œuvre descriptive qui, dans tous les cas, tait le coté négatif de son objet,
juste par amour aveugle. Or le positif et le négatif de l’autre sont mis face à
face devant le poète universel, question de voir en quoi et comment
changer. Dieu en avait
marre des ténèbres; il appelle la lumière et l'être devient autre qu'il était:
voilà qui est bien.
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