On dit que la poésie est première. Ce qui fait
frémir de joie tout cœur de poète ainsi porté au firmament ,placé à l’origine
de la création et peut-être
confondu au Dieu créateur. Je ne voudrais pas, ici, intenter un procès contre ceux
qui le disent. Surtout que cela n’enlève rien sur les maux de la terre. Mais le
poète n'est pas un dieu; c'est un esprit humain; et il faut de l'esprit pour
apporter du nouveau au monde.
Ce qui est
sûr, c’est que la poésie naît d’une
crise en vigueur. Du moins, la poésie en tant qu'acte transformateur de son
milieu. Il s’agit, pour cet être dévoré, rongé et tenaillé par son
être-ci puant, dégoûtant et rebutant : sévère et rébarbatif qui, à cause de tout
cela, de son incomplétude et de sa finitude, doit être dépassé pour son être-là
pouvant être ou non son doit-être ou son devrait-être (en tant que créature et
donc dépendance totale), non de sombrer
dans la passivité(à cause peut-être de la vie qui est dure), mais de se saisir tout entier en ses propres
mains, pas pour se
contempler et s’admirer ni se rejeter comme une ordure, encore moins s’extasier
devant soi- à la manière du
narcissique devant son miroir- et jouer au conformisme, mais de se prendre en
tant qu’être assumant la totalité de son être sur le temp’spatial, un être qui
est ce qu’il est, ce qu’il doit
être selon les exigences de la pleine positivité humaine. La poésie naît donc d’un non vif et
vibrant qui cherche à se néantiser à l’immédiat vers autre chose d’améliorée.
Il y a un côté psychosocial du poème qui se cache derrière les mots posés sur
le papier.
C’est, en effet, que l’être vient à l’être par l’être ; il ne peut jaillir que de l’être. Et, s’il doit être autre qu’il est, il s’immerge dans l’être, à la manière d’un poisson qui s’immerge dans l’eau, se prend en totalité en ses propres mains, se laisse examiner par lui-même, se découvre, découvre ses possibilités et ses possibles, et toujours en rapport avec l’autre, avant de se diriger vers son être-là sain (du moins à ses yeux). Cette poétothérapie est source de poésie véritable et ne saurait donner naissance à la poésie du divertissement qui peuple la terre au nom des années et du siècle de vitesse : elle met au monde une poésie transformatrice de son milieu, une poésie qui dénonce, qui indexe son objet, mais qui n'en reste pas là: la poésie transformatrice de son milieu propose des solutions aux problèmes posés. Le poète embrasse son objet en le rejetant.
Le Créateur dont il est question dans la bible s’immerge dans l’être-ténèbres, opaque, immense, dense, infini, et en jaillit avec l’être-lumière, léger, mouvant… c’est cet être de qui l’homme est l’image. L’étant, il doit, à chaque moment de sa vie, se créer et se recréer pour son propre bonheur et celui du monde. Car l’homme est une création et une recréation perpétuelle et permanente. N’est-ce pas qu’un homme doit se rendre utile à son siècle ? En tant que premier habitant du village planétaire, il connaît sa destinée et la reconnaît partout où il est ; il pose, cherche à résoudre des problèmes. A quoi sert un village divisé, plein de misères, de famine, d’injustice, de guerres, de ségrégations, de terroristes… ?
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