vendredi 6 décembre 2013

LA DEMOCRATIE AVANCEE 4





TEKAA, ABIGOR, AKLEXH, URIEL, AGALIAREPT.


Tekaa tremble de peur. Il reste sans mot dire, cloué sur place.

Uriel.- vous êtes le roi, n’est-ce pas ?
Tekaa, tremblant.- Oui. Qui êtes-vous ? Qui vous a envoyés ? Que me voulez-vous ? Vous voulez me tuer ? Vous voyez que je ne suis pas gardé…
Abigor, lui coupant la parole.- Prenez l’habitude de ne poser souvent qu’une question à la fois et attendre la réponse avant de continuer à demander.
(Un instant).
Aklexh.- Nous sommes les messagers du roi de la terre.
Agaliarept.- Et nous venons vous donner des conseils, vous proposer notre aide : nous savons dans quelle situation vous vous trouvez maintenant. Vous êtes déçu par votre fils, dépassé par les événements, malheureux et embarrassé.
Tekaa.- C’est bien vrai.
Uriel.- Mais en face de vous, il y a le chairman. C’est actuellement le plus heureux des hommes politiques de ce royaume. Mais cela n’est rien, car il est trop bête en croyant se passer de nous. Avec notre complicité, vous allez le rendre plus malheureux que vous ne l’avez jamais été.
Tekaa, qui a reprit ses sens.- Abbadon ne m’a pas aidé, malgré ses promesses.
Abigor.- Donc vous n’avez pas confiance en nous ! (Il tente de le trancher avec son épée, mais Uriel l’en empêche).



Agaliarept.- Sa Majesté, tous les anges du ciel sont aujourd’hui contre vous. Et vous êtes vous-même la cause de vos malheurs. Vous hésitez trop. Vous ne savez pas donner votre cœur aux dieux. Vous êtes trop sentimentale, trop doux. Vous êtes trop lent. Quand on vous observe sur le terrain de la politique, on a la nette impression que vous manipulez des œufs, que vous ne savez pas ce que vous faites ; que vous ne savez pas ce que vous voulez ; que vous ne savez pas avec qui vous travaillez. Si vous n’êtes pas encore mûr pour la politique, rentrez à l’école. Avant tout, mettez-vous dans la tête qu’aucun chef d’état de la terre ne peut se passer de nous pour vivre, diriger, gouverner… avez-vous oublié votre serment avec nous au moment où vous preniez fonction. ? Vous avez intérêt à réviser votre comportement envers nous, sinon…
Tekaa.- Il y a beaucoup de choses que je ne comprends plus actuellement.
Aklexh.- Notre volonté doit être faite. Rien que notre volonté. C’est nous qui avons la terre.
Abigor.- Un bon politicien est un homme au cœur d’airain. Un homme vigoureux, téméraire, implacable. Il ne recule jamais devant rien. Il fonce toujours vers l’avant, sans jamais avoir la chair de poule. Il soumet tout à son autorité. Par tous les moyens. A tout prix. (Un instant). La politique ne s’applique que sur des hommes et par des hommes. Les hommes, qu’ils aient le pouvoir ou pas, ne font que subir la politique. Parce que la politique, c’est l’affaire des dieux. Et une politique qui va réussir s’applique sur une cible bien précise et bien connue. Or la connaissance des hommes, c’est l’affaire des dieux que nous sommes. Hommes politiques de la terre, confiez-vous aux dieux, laissez-les vous révéler ce que vous devez savoir, faire ou être, et vous serez heureux.
Tekaa.- Je saurai ce que vous m’aurez dit ; je ferai ce que vous me demanderez ; je serai ce que vous aurez voulu que je sois.
Uriel.- Promesse qui sera tenue.



Tekaa.- Aidez-moi à ramener mon fils vers moi, comme Abbadon me l’avait promis.
Uriel.- Voici ce qui s’était passé en ces temps-là : poussées par Abbadon, vos forces armées avaient provoqué un accident de route au centre de la ville. Un accident qui n’a pas vu la mort de votre ennemi.
Tekaa.- Pourquoi ?
Agaliarept.- C’est votre rebelle de fils qui avait fait échouer le coup en stoppant avec autorité les actions menées par vos forces loyalistes.
Uriel.- Ces forces loyalistes avaient encerclé le cortège du chairman. On avait commencé à le laminer, à le torpiller de gaz lacrymogènes ; les lance-eau vidaient leur contenu sur lui à une vitesse mortelle ; des engins poids lourds fonçaient déjà sur ses premières voitures pour les réduire en cendre quand…
Aklexh.- quand est survenu Ndirinkin. Autoritaire et accompagné de plusieurs généraux de votre armée pour tout arrêter là. Le chairman s’en est sorti sauf, bien que pas sain.
Abigor.- Les généraux ne savaient pas qu’ils agissaient contre votre gré. Et c’est vous qui êtes responsable de ce qui se passe actuellement dans ce royaume. Il y a trois pouvoirs maintenant : la royauté, la principauté et l’opposition. La principauté et l’opposition cherchent à s’entendre. Et vous êtes le malheureux de tous. Prenez vos gardes.
Tekaa.- En quoi faisant.
Abigor.- Mettez un terme au désordre qui règne à la tête de l’état.
Uriel.- Et rentrez dans votre palais vous asseoir sur le trône. Comme un roi. Et ordonnez. Ordonnez à vos forces loyalistes de frapper fort sur tout ce qui semble bouger contre vous ; sans aucune distinction. Faîtes arrêter le maximum possible de vos opposants, et ne tardez pas à leur ôter la vie s’ils se montrent réfractaires à ce que vous leur imposez de faire. Ne vous amusez jamais avec votre propagande : endoctrinez les masses et violez bien leurs consciences. Autoritaire, sans pitié, sans hésitation, toujours souriant, toujours au chevet des malades, n’oubliez jamais de faire l’aumône, et vous serez le chef d’un état fort, un roi aimé de tous et suscitant des jaloux. Tout le monde doit vous acclamer et marcher sous vos ordres, car c’est vous le premier personnage de ce royaume. C’est tout.
Abigor.- Ainsi soit-il.
(Ils tourbillonnent et disparaissent l’un après l’autre. Un temps, Tekaa reste seul, pensif. Survient Ndirinkin, suivi de Mena et de Nnefaa.




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