Piètre démon
du petit matin
Tu fus un
homme bien débrouillard
Tu fis ta
maison côté du Charognard
Belle demeure
que tu baptisas Lanace
Tu ne fis
jamais grasse matinée
Et un jour tu
achetas le Charognard
Mais bon gré
mal gré tu t’absentas
Carrelet et
tous tes biens s’en allèrent
Vint février
le mois brûlant
Soleil des
tropiques soleil harassant
Le soleil éreinte
ta tête nue
Tu auras plus
chaud au cœur
Tu fis recours
à un tribunal avec rancœur
Le premier
jour du procès
Ce fut le
premier nonidi du mois de Ziv
Lee Président
du tribunal te dit devant la barre
Qui vous a
permis sur mon amour de faire mainmise
Sais-tu à qui
tu as affaire
Le chef de ce
régime est de mon village
Mon père ma
mère sont ses secrétaires
Votre plainte
est contre Carrelet et le régime
Quel régime
Sur ce je ne vous suivrais jamais
Un vieillard
dans votre maison un grand enfant
La vie aussi est
une reculade
Vous fûtes si
jeune si riche si heureux
Aujourd’hui si
inquiet la rage au cœur
Vers ton rien
initial tu recules
Tu recules
Tu recules
Misérable
purotin criant
Et
l’autr’entreprise verrouilla ses portes
Bamboutos ne
rentrera pas dans ses droits
Mais je vais
bien le prouver
Si l’on doute
qu’elle est ma femme
Comme il est
de la justice la règle
Un papier on
ne sait par qui et quand dressé fut présenté
C’était blanc
comme de la neige
Du Président à
Carrelet l’acte de mariage
Même l’église
avait béni ce couple de même sexe
Tu en eu la
bouche bien close
Et la tête
enfin bien troublée
Tu vas vers ta
demeure Lanace
Sous le ciel
bruissant
Attendre
peinement la huitaine
Pour être
condamné aux dépens et peines
Sans jamais
plaider ta cause
Ingénu
intercis brûlant de pyrosis
Tu suis le
cour du sec vent de la sèche saison
Le vent d’Est
te traîne dans sa course vers l’Ouest
Et ta colombe
s’est envolée dans le ciel enflammé
Roules-toi sur
les brûlures de ces herbes ensanglantées
Les plaies
brûlantes de ce sol douloureux
Écœuré par la
démocratie la plus avancée du monde
Car tu as
perdu ta colombe
Ta colombe ton
espérance
Ta colombe
crève-cœur
Ta colombe ta
richesse
Ta colombe ton
point de mire
Ta colombe ton
amour
Ta colombe ses
parfums emmyrrhés
Ta colombe son
teint safrané
Ta colombe ses
paupières argentées
Ta colombe ses
douces caresses myrtées
Ta colombe son
œillade enlaçant
Et tu recules
Tu recules
Tu recules
Destin destin
ô amour guillotiné
Pour mes
efforts est-ce ici mon pourboire
Ténébreux
amours que faire pour vous oublier
Pour vous
éjecter de ce territoire
Mon cœur qui
n’est point une armoire
Mon cœur que
vous avez grillé
Tout passe
mais la vie continue
Tu te moques
de moi je demeure
Et enfin incroyablement
déchu
Tranquillement
rentre dans ta demeure
Tout est perdu c’est une gageure
Car même le plus bavard s’est tu
Précieuse
mélodie d’un cœur ingénu
Un rituel
d’une douc’âme déçue
Par douloureux
cœur qui ne s’est pas tu
Un cri un cri
bien perçant dans la nue
Pour toi âme
sœur comme lui vaincue
Par un cœur
impénitent corrompu
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