jeudi 20 mars 2014

LES BABEL REVES



J’ai été ce que je suis aux yeux de l’autre, dit Jean Paul SARTRE ; l’autre est la mesure de mon être, il me possède, car « l’existence précède l’essence ». Celui qui parle ainsi se trouve déjà dans l’au-delà.  Mais au sein de ce monde qu’on vient de quitter -pour où ?-on ne saurait être que ce qu’on s’est fait être pour autrui. Cependant j’ai à être le fruit du couple destin destinée selon mon espèce. J’entends par destin mes entours selon la voie que j’ai choisie sur le temp’spatial ; ma destinée est tout ce qui m’arrive indépendamment de moi, dû à la présence de l’autre. Je ne suis qu’un mobile sur ce temp’spatial. A cause donc de ces interactions pleines d’à-coups, je suis une création et une recréation perpétuelle ; je suis un arrêt continu et permanent : je dois pouvoir, à des moments précis de mon existence, prendre en totalité en moi mes deux fins possibles et provisoires (doit-être, devrait-être) qui sont miennes et y trouver des armes pour mon existence future en tant que celui-ci doit être le plus agréable possible. Je me refuse d’être un modèle social ; je n’affirme pas un type social : j’affirme l’humanité. Et L’humanité est universelle : elle se trouve partout où il y a l’homme ou la femme. Quant aux modèles sociaux, ils s’exportent et créent partout la discorde et la tension : l’être social est un char de guerre aux mains des politiques. La nationalité n’est pas un droit de l’homme : c’est un frein à l’hominisation maximale du singe de Darwin. Les drapeaux, le patriotisme, les langues (dialectes) sont des armes contre la globalisation. Alors que l’Occident, ce père donateur de l’humanité, pouvait profiter de cette globalisation pour aligner dans les rangs de l’humanité ceux que Darwin exclut.
Les forteresses linguistiques (Commonwealth, Francophonie, Ligue arabe…), les forteresses géographiques (UE, UA…), les forteresses militaires (OTAN, …) que nous formons et y tenons fort participent de la fragilisation des Nations Unies ; elles sont l’expression de notre discordance, de notre désunion, de nos divergences et de notre incapacité à regarder, à nous orienter vers une même fin ; ce sont des associations terroristes qui montrent notre incapacité à subvenir à nos vraies nécessités. Elles effacent tout espoir d’harmonie entre les humains de la terre. Nous devrions  en avoir honte plutôt que de nous en réjouir. Dans le passé, ces forteresses géostratégiques nous ont monté de quoi elles sont capables. Je parle des Triple Alliance et  Triple Entente. Aujourd’hui, demain comme hier, elles ne peuvent mener qu’à la guerre. Et tout babel-rêve n’étant qu’un rêve d’enfant au biberon, les babel-rêves ne trouveront leur germe de destruction que parmi les singes de Darwin. Il a fallu un 28 juin 1914 pour que l’assassinat du prince héritier de l’empire d’Autriche-Hongrie mit fin aux Triple Alliance et Triple Entente ; le très célèbre Adolf Hitler des Allemands est venu décapiter la Société des Nations ; les Georges Bush ont voulu mettre hors d’état de nuire les Nations Unies, mais comme nous sommes civilisés, nous avons fait qu’ils échouent leur tristement noble mission de destruction assidue et continue de l’humanité, ratant ainsi le train de l’histoire.
Notre insatiable folie des grandeurs donne naissance à des îlots de puissances et de faiblesses qui, tous, lèvent notre honte et notre culpabilité vers le ciel nous regardant, rieur et moqueur.
Nos différences linguistiques, raciales et géographiques ne sont pas une richesse, un patrimoine à conserver. Elles sont une épée plantée au sein de l’humanité, la saignant, la désorganisant, la désorientant, la trahissant, la déshonorant…nous n’avons aucun intérêt à les entretenir.
Heureux qui croit, non à la terre des montagnes, mais à la terre montagne. Aussi haute que nos genoux. Sans barrières. Sans frontières. Je me refuse d’être un modèle social. Et je veux bien être l’être-monde, l’être-terre, l’être-sans-qui-la-terre-n’est-pas, l’être-pour-qui-la-terre-est, l’être-pour-qui-la-terre-doit-être-terre. A moi toute la primitivité de mon espèce : je rentre dans l’ineffable.




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