samedi 11 décembre 2010

PAIX ET TRADITION








Le « vivre au quotidien » des Bamougong repose sur les deux pôles de l’humanité : l’enfance et le vieil âge. Des cérémonies sont organisées autour des enfants et des crânes des ancêtres pour les mêmes causes et les mêmes effets.

C’est, en effet, que le Bamougong croit qu’il y a quelque part une force appelée Dieu, une force sensible aux demandes des enfants (à cause de leur innocence résultant directement de leur ignorance pratique du péché) et à celles des vieillards (à cause de leur sagesse, de leur connaissance profonde des problèmes des vivants et de leur amour pour leurs enfants que nous sommes). Il s’agit, il est vrai de crânes de morts et non de vieillards. Mais l’homme Bamougong  sait en son fort intérieur que « les morts ne sont pas morts ».Ils ont seulement été rappelés auprès de Dieu où ils peuvent intercéder pour nous et changer positivement le cour des événements terrestres, du moins, pour ce qui est de ceux ayant fini de se purifier et dont n’ayant plus aucune raison de ce réincarner. Ici, pour parler de réincarnation, on parle de changement de cour. Le plus souvent, les deux cérémonies ont lieu en même temps et au même endroit, ce qui détourne l’observateur non averti. Voici ce qu’en dit l’un d’eux, du nom de Tchippe Roger :
« Le noyau dur de la religiosité des négroafricains c’est la croyance en la survie terrestre et non céleste après la mort et celle de l’existence d’une chaîne de solidarité entre les vivants et les morts à travers les générations issues d’un ancêtre commun. Le Negroafricain, pourrait-on dire, a le sens de la terre et non celui du ciel des religions révélées avec son couple paradis/ enfer et son épée de Damoclès nommée péché ».
L’erreur que la plupart des auteurs ont souvent commise en parlant  du Noir, c’est cette généralisation facile et nulle ; on croit que ce qu’on vit chez soit  est la même chose chez les autres. Ce que monsieur Tchippe dit est totalement faux chez les Bamougong. Un adage ici dit : « vivre sur la terre, c’est voir et partir ».
Pour les Bamougong, la terre n’est qu’un lieu de purification. Croire en l’idée de purification, c’est admettre concomitamment les idées de péché et de chute, à moins qu’on ne considère qu’à l’origine l’homme est créé impure et indigne de vivre dans la paix. Mais le Bamougong croit fermement que l’enfant vient de Dieu, non de la simple fusion entre l’ovule et le spermatozoïde ; et il est hors de question qu’un enfant qui vient de Dieu soit impur. C’est pourquoi nous parlons, chez l’enfant, de l’innocence résultant directement de l’ignorance du péché. Les enfants sont capables de nous faire réussir si nous faisons la paix avec eux. Et nous ne gagnons rien en les enrôlant dans nos armées de rebelles et d’assoiffés de pouvoir.
Si l’enfant est indemne de péché, si la terre est pour héberger l’impure et le ciel le pur, si l’homme est appelé à vivre dans la paix près de Dieu, cela voudrait dire que l’homme est dans le péché et que sa vie terrestre n’est qu’une série de purification avec pour but ultime le retour à la case départ.
Il y a une idée d’hérédité du péché, car le pur ne saurait sortir de l’impur. Il y a donc la terre « tsetsa » et le ciel « tyolepuo ». Mais il n’y a pas d’enfer. Tout au plus il y a une série finie ou infinie de reincarnations pour les impurs. Mais il n’y a pas de retour éternel des choses, puisque ceux qui ont achevés leur purification ne reviennent plus sur la terre. Il n’y a pas non plus une date arrêtée pour le jugement dernier : au moment précis ou je suis entrain de mourir, c’est en ce moment là que je suis devant le tribunal de Dieu pour mon jugement : si je suis pur, je vais dans la paix ; si je suis impur, je suis rejeté automatiquement, je m’enfonce, je me réincarne pour renaître dans la même ou dans une autre famille pour continuer ma purification ou mon enfoncement.
Mais moi qui suis maintenant entrain de pleurer un être qui  m’était cher et qui est mort, puisque je ne suis pas autoriser à le juger ni assister à son jugement, puisque je suis par ce fait très mal placer pour savoir les closes de son jugement, je joue sur le hasard en gardant jalousement son crâne, question de garder le contact avec lui s’il s’est rendu au ciel et faire mes requêtes au moment venu. Il faut savoir qu’il n’y a pas de lien direct entre le pur et l’impur ; la relation entre les deux est médiate. Le crâne est le médiateur, non entre le vivant et Dieu, mais entre le vivant et le saint à qui il appartient. Nos ancêtres sont des saints. Et l’homme n’a pas de sauveur, chacun est appelé à se sauver lui-même par des actes purificateurs.
Il y a donc une différence radicale entre notre culte des saints (que ceux qui n’y ont rien compris ont appelé « culte des crânes, culte des ancêtres ou culte des morts »). Le vrai culte des morts, c’est ce recueillement que fait l’homme dit « civilisé » sur la tombe de son mort. Nous ignorons bien cela dans nos traditions, ne serait-ce qu’ici à Bamougong. Sans être religieux, le Bamougong fondamental croit en Dieu.



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