Pour elle
Contre nous
Elle nous sépara vraiment
Me voici à cette rive
Te voilà à l’autre rive
Je te regarde
Je te vois
Et je ne me vois point là-bas
Je ne suis pas où tu es
Et je ne te vois point ici
Tu es là
Je suis ici
Et entre nous
L’océan des années-lumière
Sur l’océan sautillent les houles
Brûlant vives de mon sacré souffle
Et de nos cœurs en peine coule
L’onde livide qui les gonfle
Je te regarde
Je te comprends
Mais je ne nagerai pas vers toi
Car ce serait continuer son travail
Tu es là
Je te regarde
Et je vois ton cœur moins noir que le mien
Ce que tu profères n’est pas vraiment mien
Et ton ventre n’a point connu mes traditions
Je vois même que tes reins ont changé
Et ton sang n’est plus le mien
La mort t’a lié au monde et tout changé
Tu fais tout vœu mais tu restes son ombre
Tu es là
Je te regarde
Et le connaissant je te connais
Comme un papillon tu voltiges dans son monde
Et c’est la déception qui te tourne vers moi
Tu ne me connais point
Et tu ne nages pas vers ici
Car tu as le voile qu’ils t’on donné
Tu ne veux pas me ressembler
Car tu as le voile qu’ils t’on donné
Et moi mon unique cœur
Tes Pères te l’ont donné et tu l’as perdu
Car tu ne veux pas me ressembler
Garde ses dons pour toi lui et les
siens
Ne réserve rien pour moi moi et les miens
Car nous ne voulons point vous ressembler
Je ne me réclame d’aucune raison
Je ne me réclame d’aucune émotivité
Je ne me réclame d’aucune démence
Je ne me réclame d’aucune modernité
Je ne me réclame d’aucune négritie
Je ne me réclame d’aucune tigritie
Je ne me réclame de rien que vous me prêtez
Car votre regard me rabaisse
Votre regard inhumain
Borné
Tous vos mots sont pour moi diminutifs
Tous vos mots me condamnent
Sans raison
Sans justice
Sans tribunal
Sans amour
Sans droit
Je n’entrerai pas dans vos prisons
Tu es là
Je te regarde
Tu me regardes
Tu hésites
Je vois que tu as peur
Et comme lui tu veux venir ici par le nord
En tombant des cieux
Ah Tout souriant
Pourtant tu me seras ce que t’est ton vieux roi coton
Ton cœur n’a pour moi que mépris
Ton cœur à la chasse de l’or du monde
Tu ne m’auras que pour me détruire
Détruire pour le satisfaire lui toi et les vôtres
Je ne te plairai jamais qu’en te ressemblant
Ce que tu crois faire pour moi est
tourments et vanité
Tu te souviens de moi c’est vain
Car tu n’es jamais ici
Vanité pour moi allégresse pour toi
Tu viens vers moi c’est chagrin et traumatisme
Si tu viens comme tu es
Tu viens vers moi c’est vain
Si tu viens pour toi lui et les vôtres
Reste là à jamais
Garde ses don pour toi lui et les siens
Là où tu es est ta destinée ainsi que ton destin
Sache que nous ne pouvons mener le même combat
Car nous ne connaissons pas les mêmes peines
Si noir de peines comme moi
Viens vers moi tout enfant
Enfant comme moi et palabreur
Ma palabre est justice
Justice sous l’arbre
Justice en communauté
Justice dans la joie
Justice dans l’amour
Justice naturelle
Justice édifiante
Justice humanisante
Justice juste
Viens
Nous marcherons main dans la main
Tu auras mon humanité pleine dans la bouche